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Vendredi 3 janvier 1902

Hong Kong,

Chers parents,

J'ai reçu une lettre de vous le 31 décembre, celle que vous m'aviez écrite le 29 novembre et dans laquelle vous me souhaitiez une bonne année. Je vous en remercie tous.

Le dernier courrier a emporté deux lettres de moi, celui-ci doit emporter trois enveloppes. Le mot avec une photo de Hong Kong que j'ai fait mettre à la poste de terre avec des timbres anglais et que je vous ai écrit le 1er janvier. Un couple de pages que j'ai écrit le même soir pendant un quart, de 8 heures à minuit. Enfin, ces quelques lignes.

Je veux vous dire surtout que nous ne restons plus ici jusqu'au 7, une dépêche est arrivée de l'amiral Potier nous disant de hâter notre départ. Nous partons cette après-midi à trois heures. La destination n'est pas changée, c'est toujours la baie d'Along. Je n'ai toujours pas reçu vos 3 lettres qui sont en retard, je commence à les croire perdues à tout jamais. A propos, si vous écriviez plus souvent puisqu'il n'y a pas d'affranchissement, j'aurais moins de chances de voir un courrier arriver sans rien.

Ceci n'est plus pour Romain et Camille :

J'avais l'intention de leur rapporter à chacun une chaîne de montre, mais cette lettre que j'ai reçue change tout: voilà Camille qui a déjà économisé 10 sous pour en acheter une et Romain qui en aura besoin d'une pour sa communion. Il ne peut donc pas attendre mon retour et, d'un autre coté, je ne puis en envoyer d'ici car il y a des droits très élevés sur tout ce qui est métal travaillé et à plus forte raison sur les objets d'argent.

Peut être voici une solution. Dites à Romain que je lui donne une chaîne pour sa communion, mais que je ne la lui apporterai que plus tard. D'ici là, je lui prête l'une des deux miennes qui sont restées toutes les deux à la maison : celle de ma communion dans l'armoire à maman, la seconde dans le petit tiroir de gauche inférieur de mon secrétaire. Qu'en dites-vous ? Camille attendait pour utiliser ses économies. En tout cas, il faut que je trouve autre chose pour leur rapporter. Et je n'ai pas la moindre idée. En auriez vous une ?

Je vous embrasse tous de tout cœur.

Votre fils

Joseph

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